Articles publiés dans le Courrier de Rome

1. Remarquons aussi, comme pour finir, que la lecture que Monsieur l’abbé Vernier fait de notre prose a de quoi étonner. Car sur trois points, au moins, l’appréciation qu’il en donne relève, sinon de l’extrapolation, du moins d’une méprise difficilement compréhensible. - 1 - Nier l’indéfectibilité de l’Eglise ?



1. Néanmoins soucieux de justifier son théorème, Monsieur l’abbé Vernier voudrait s’appuyer sur six exemples, six faits, qui seraient, à ses yeux, « en eux-mêmes plus démonstratifs que tout argument ». - 1 - L’obéissance au Pape 2. Premièrement, « la FSSPX ne se soumet de manière habituelle en rien à l’autorité du Pape et des évêques unis à lui ». Les distinctions que nous avons faites entre l’autorité et son exercice, entre le pouvoir et son acte devrait suffire à ôter à ce premier exemple sa valeur démonstrative. La FSSPX ne se soumet en rien aux actes de l’autorité qui s’avèrent contraires au bien commun de l’Eglise, du fait qu’ils contredisent les actes précédemment accomplis par l’autorité avant le Concile. - 2 - Agir sans juridiction ?



1. « Peut-on être sédévacantiste sans le dire ? ». Tel est l’intitulé de l’article publié par Monsieur l’abbé Hilaire Vernier, sur la page du 5 mai dernier du site « Claves » de la Fraternité Saint Pierre . L’auteur de cette prose indique en ces termes son intention : « L’article qui suit se veut une réponse aux articles " Et schismatiques et hérétiques ? " et " Tradovacantisme ? ", publiés par l’abbé Jean-Michel Gleize (Courrier de Rome n° 674 d’avril 2024, relayé sur laportelatine.org), théologien de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), en réaction à nos deux articles publiés sur Claves.org en juillet 2023, intitulés " Une Église sans pape ? " ».



1. L’année 2024 est celle du cinquantième anniversaire de la Déclaration du 21 novembre 1974, dans laquelle Mgr Lefebvre inscrivait en lettres d’or les raisons profondes de l’attitude toujours suivie par la Fraternité Saint Pie X, dans le contexte de l’après Vatican II. Ces raisons sont les suivantes : l’obéissance aux enseignements du Magistère ; le refus des erreurs contraires à ces enseignements, telles qu’elles se sont faites jour à Vatican II et depuis ; la résistance aux actes des représentants de l’autorité dans l’Eglise, lorsque ceux-ci imposent ces erreurs.



- 1 - Indéfectible et indéfectibilité : aux origines d’une terminologie.



Réfléchissant sur le retour des bénédictins de Caldey à l’Église de Rome, le P. Cyrille Gagnon note que deux principes ont été à l’œuvre : « Les principes, qui ont motivé toutes leurs actions, sont au nombre de deux : le principe d’unité et le principe d’autorité dans l’Église du Christ ». Le respect de Dom Ælred Carlyle et de ses moines pour le principe d’autorité est déjà ancien. Les observateurs extérieurs à la communauté n’avaient pas manqué de le noter :



1. Nous devons à Jean-Christian Petitfils, dont les travaux sur l’Ancien Régime font autorité, la publication des Enigmes de l’histoire du monde (2019),suivies des Enigmes de l’histoire de France (2022). Enigmes, c’est-à-dire faits inexpliqués ou dont l’explication, même communément admise, n’explique pas tout. La mort de saint Thomas d’Aquin, dont nous célébrons cette année le 750ème anniversaire, ferait-elle partie de ce lot ? 2. Le Père dominicain Charles Boulogne (1911-1969) a soulevé cette question peu anodine, dans le livre paru un an avant sa mort, aux Nouvelles Editions Latines, Saint Thomas d’Aquin ou le génie intelligent. On a certes fait remarquer que le Père n’était pas un historien de métier et que son essai, aussi brillant soit-il, ne saurait se substituer aux biographies scientifiques du Docteur angélique. Les questions restent néanmoins posées, au simple vu des faits, qui parlent et interrogent d’eux-mêmes.



L’abbaye de Maredsous a publié en 2008 l’intégrale de la correspondance de Dom Columba Marmion répertoriée à ce jour . On y découvre un moine fait de chair et d’os, avec ses certitudes et ses doutes, inséré dans l’histoire du monde et de l’Église de son temps, touràtour primesautier et grave, spirituel et terre à terre, irlandais et belge. Au détour des lettres et des billets, on croise des personnages connus comme Kant, Loisy, Dom Lambert Beauduin et saint Pie X, on assiste à des événements politiques majeurs tels que la séparation de l’Église et de l’État en France, la Première guerre mondiale et l’insurrection irlandaise d’après-guerre, on pénètre dans l’âme d’un moine et d’un contemplatif soucieux d’enseigner les principes de la vie spirituelle et de la vie religieuse.



Le 8 mars 1913, on pouvait lire dans La Liberté de Fribourg l’articulet suivant : « Grand émoi dans le monde anglican, en particulier dans ce monde qu’on appelle “la Haute Église ”. Vingt-trois “moines”, y compris “l’abbé” du monastère “bénédictin” dans la petite île de Caldey, sur la côte du Pays-de-Galles, et trente “religieuses” du couvent de Ste-Bride, affilié au monastère et situé sur la terre ferme, se préparent à entrer en bloc dans le sein de l’Église catholique . » Un mois plus tard, le quotidien suisseajoutaitdesdétails :



1.Nous avons présenté à nos lecteurs le petit livre, élaboré par le Service national pour les relations avec le judaïsme, organe de la Conférence des évêques de France. Son titre, « Déconstruire l’antijudaïsme chrétien », annonce le reniement systématique de la doctrine traditionnelle de l’Eglise.



Le 4 mars 2024 par un vote solennel et écrasant, la République française est devenue officiellement avorteuse, comme elle est laïque et démocratique. Désormais est inscrit dans sa constitution, c’est-à-dire dans sa loi fondamentale, le droit pour toute femme de tuer l’enfant qu’elle porte. Ce prétendu droit s’exerce selon les termes de la loi, autrement dit jusqu’à la 14e semaine de grossesse.



1.« Réponse à l’abbé J-B. Gleize et retour sur l’épineux sujet de la liberté religieuse ». Tel est l’intitulé (avec une erreur sur l’initiale de mon prénom) de l’article paru sur la page du 20 avril 2024 du site « Claves » de la Fraternité SaintPierre, désormais bien connu des lecteurs du Courrier de Rome. Cet article est signé par le Révérend Père Antoine-Marie De Araujo, de la Fraternité Saint Vincent Ferrier. Ce dernier entreprend de défendre l’argumentation du Père de Blignières, qualifiée de « séduisante mais trompeuse » par le Courrier de Rome, dans son numéro de février dernier. Le Père de Blignières, fondateur de la Fraternité susnommée, entendait prouver que le droit à la liberté religieuse, enseigné par la Déclaration Dignitatis humanae du concile Vatican II, ne s’opposerait pas à la Royauté sociale du Christ sur les sociétés humaines. -1 - Une opposition inscrite dans les textes



- 1 - La christologie en butte au pluralisme religieux



- 1 - Une difficulté non révoquée 1.Comme l’a souligné le Pape émérite Benoît XVI, « la thèse selon laquelle l’Alliance de Dieu avec Israël, son peuple, perdure et n’a jamais été révoquée ne figure pas explicitement dans Nostra aetate, mais a été prononcée pour la première fois par Jean-Paul II à Mayence le 17 novembre 1980. Elle a ensuite été intégrée au Catéchisme de l’Eglise catholique (n° 121) et fait donc d’une certaine manière partie de la doctrine actuelle de l’Eglise catholique » .



1. Haïm Korsia est né le 27 septembre 1963. Il fut élu, à l’âge de cinquante et un an, le 15 décembre 2014, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, à l’Institut de France. Mais il est surtout connu pour être le Grand rabbin de France, ayant été élu à cette dignité le 22 juin 2014, pour un mandat de sept ans, renouvelé en juin 2021. Nous lui devons une Préface : Préface à l’ouvrage collectif récemment publié en 2023 aux éditions du Cerf par la Conférence des évêques de France, en la personne de son Président, Mgr Eric de Moulins-Beaufort.



« Trompeurs, c’est pour vous que j’écris … »



-1 - De l’obéissance bien comprise



Il n’est pas rare d’entendre des éducateursporter ce jugement : « Cet enfant commet certainement de nombreux péchés véniels, mais il est trop jeune pour commettre le moindre péché mortel ». Effectivement, à l’âge de sept ou huit ans, l’enfant est inapte à cambrioler une banque, commettre un adultère ou assassiner son pire ennemi ; et on l’imagine mal blasphémer, apostasier ou tomber dans l’impureté. En revanche, ses manquements à la charité, à l’obéissance ou à la patience sont nombreux. Suffisamment mûr pour distinguer le bien du mal moral, mais trop jeune pour pécher gravement, il ne semble capable que de fautes vénielles.



Le 7 mars de cette année, nous célébrions le 750e anniversaire du dies natalis de saint Thomas d’Aquin. L’occasion nous est ainsi donnée de nous arrêter sur les derniers instants du saint et sur sa mort glorieuse. La mort d’un saint n’est pas seulement précieuse aux yeux de Dieu, elle est aussi féconde en enseignements. C’est par les rapports de Frère Réginald de Piperno , le fils de sa pensée, son ami le plus proche, son sociuscontinuus – ils se servaient la Messe et se confessaient réciproquement, que nous connaissons l’existence des visions intimes de saint Thomas, notamment l’une des plus déterminantes, celle du 6 décembre 1273 qui prépare en quelque sorte le trépas du saint. C’est également lui qui fut le témoin privilégié de la mort de saint Thomas.



Les jeunes gens sont avides de bonheur, les vieilles gens sont enclins à se demander ce que c’est. Quelle qu’en soit la notion, il leur semble qu’une distance infinie la sépare de l’expérience réelle qu’ils en ont eue. Le philosophe Boèce le définissait : la possession simultanée de tous les biens. C’était une autre manière de dire que le bonheur n’est pas de ce monde. D’ailleurs le sien fut prématurément interrompu, puisqu’il mourut décapité sur l’ordre de son souverain. Il y a quelque temps déjà qu’embarrassé par la difficulté, j’en vins à me demander seulement, parmi les hommes qui vivent le même genre de vie que le mien, à quels signes reconnaître ceux qui sont heureux ?



Introduction Le 28 avril 1973, le philosophe catholique Jacques Maritain rendait son âme à Dieu dans la communauté des Petits Frères de Jésus à Toulouse. Avec lui disparaissait un des témoins les plus emblématiques du changement d’attitude de l’Eglise catholique face aux défis posés par la modernité. L’anniversaire des 50 ans a donné lieu à des publications et des colloques qui rappellent son influence dans les débats intellectuels précédant le Concile Vatican II ainsi que l’actualité de ses prises de position. C’est aussi l’occasion d’évoquer un projet de condamnation du maritainisme porté par le Saint-Office dans les années 50 dont les motivations éclairent la pertinence d’un combat contre un « naturalisme intégral » plus que jamais à l’œuvre dans la vie de l’Eglise. 1. Les 1res réactions à l’évolution doctrinale de Maritain



1. Julie de Mestral-Combremont (1863-1954), née à Moudon, dans le canton de Vaud, en Suisse, partagea sa vie entre Lavey et Paris. Publiant de nombreux articles dans le Journal de Genève et la Gazette de Lausanne, elle s’est imposée comme l’une des figures les plus représentatives de l’EgliseRéformée Évangélique, au cours de la première moitié du vingtième siècle. Elle devint célèbre lorsqu’elle publia en 1909 un roman, intitulé Le Miroir aux Alouettes, et qui lui valut, en 1910, l’attribution du Prix Montyon de l’Académie Française, récompense destinée aux auteurs français d’ouvrages les plus utiles aux mœurs, et recommandables par un caractère d’élévation et d’utilité morales.L’expression empruntée par le titre de ce roman désigne au sens propre un dispositif tournant, muni de petits miroirsréfléchissant les rayons du soleil, utilisé par les chasseurs pour attirer les alouettes et autres petits oiseaux. Il s’agit donc d’un piège, ou, à tout le moins, d’un leurre.



À en croire les médias, la plupart des prédateurs sexuels sont des membres du clergé catholique. À les en croire, les enfants se trouvent en plus grand danger quand ils sont pris en charge par une institution catholique que lorsque l’institution n’a pas de lien avec l’Église. À les en croire, une grande proportion de prêtres catholiques sont des criminels. À les en croire, un homme a plus de chance de sombrer dans la pédophilie s’il est prêtre que s’il est laïc. À les en croire, il y a davantage d’abus sexuels sur mineurs dansla religion catholique que dans les autres religions. Est-ce vrai ?



La chose est apparemment entendue : si la théorie héliocentrique du chanoine Copernic fut repoussée notamment lors de l’affaire Galilée, c’est d’abord à cause de l’anthropocentrisme des temps anciens. Placer la Terre au centre, comme on le faisait alors universellement, visait à flatter notre orgueil. Copernic aurait amené les terriens à considérer qu’ils n’étaient pas le centre du monde, leur faisant souffrir une terrible humiliation. Freud en a spécialement développé l’idée : « la situation centrale de la Terre était pour lui [l’homme] une garantie du rôle dominant de celle-ci dans l’univers et semblait bien s’accorder avec sa tendance à se sentir le seigneur de ce monde ». Cela aurait rendu l’homme digne de l’attention de Dieu. Mais bientôt, cette « illusion narcissique » allait disparaître devant la science et ainsi « l’amour-propre humain avait éprouvé par là sa première blessure ».



L’exemple de la Terre plate 1.De toutes les époques de notre passé, le Moyen Âge est celle qu’il est le plus malaisé de cerner avec précision, ne serait-ce que d’un point de vie chronologique. C’est aussi celle qui a été le plus malmenée, et dont la réalité a été davantage déformée par les idées reçues, les contre vérités, les omissions ou les caricatures. A côté de quelques poncifs évidemment grotesques et dénués de tout fondement - mais qui n’en continuent pas moins de nourrir l’imaginaire collectif (comme le droit de cuissage) - il reste encore bien d’autres idées fixes, dont les fondements ne sont pas davantage avérés, et qui le sont parfois même encore moins, mais qui trouvent le moyen d’une caution pseudo scientifique, par médias interposés. Ainsi en va-t-il d’une supposée ignorance du MoyenÂge, entretenue par l’Eglise au détriment du progrès scientifique. Une diabolisation dûment combattue



« La Tradition est la garantie de l’avenir, non une pièce de musée » . 1. La Révélation divine dans l'Église doit-elle être réinterprétée en fonction des changements culturels de notre temps ? La Révélation divine est-elle contraignante pour toujours, immuable et donc à ne pas contredire ? Telle est la question que, le 10 juillet 2023, posèrent au Pape François les cinq cardinaux, avec cette première formulation de leur premier Dubium.



« Benoît XVI décrit en effet la Tradition comme " le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes"(Catéchèse, 26 avril 2006) » . 1.Le 11 octobre 2017, le Pape François adressait un discours aux participants à la rencontre organisée par le Conseil Pontifical pour la promotion de la Nouvelle Evangélisation. Ce discours survenait le jour du vingt-cinquième anniversaire de la Constitution apostolique Fideidepositum, par laquelle son prédécesseur, le Pape Jean-Paul II,avaitpromulgué le Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique, en 1992, trente ans après l’ouverture du Concile Vatican II. -I - L’héritage de Vatican II



1. L’épisode marquant de l’actualité relativement récente est encore dans les mémoires.Le 10 juillet dernier, les cinq cardinaux Brandmüller, Burke, Sandoval Íñiguez, Sarah et Zen Ze-kiun ont présenté au Pape « cinq questions demandant des éclaircissements sur certains points relatifs à l'interprétation de la Révélation divine, à la bénédiction des unions des personnes de même sexe, à la synodalité comme dimension constitutive de l'Église, à l'ordination sacerdotale des femmes et au repentir comme condition nécessaire à l'absolution sacramentelle » . Le Pape François leur a adressé une réponse, dans une lettre datée du lendemain même, 11 juillet 2023, et sa réponse a été rendue publique par le Vatican le 2 octobre suivant.



1. Le docteur commun de l’Eglise n’a pu envisager le mystère du neuvième article du Credo dans toute son intégrité. Pas plus, d’ailleurs que les Pères d’avant le concile de Nicée n’ont pu envisager dans toute son intégrité le mystère de la Sainte Trinité ou ceux d’avant le concile de Chalcédoine le mystère de l’Incarnation . Il y a là comme une loi nécessaire, qui affecte non la vérité des mystères mais l’intelligence que les fidèles ont de cette vérité. Cette intelligence est progressive et ce sont les attaques de l’hérésie qui donnent occasion aux saints docteurs de mettre en relief les différentes facettes de la vérité révélée et d’en faire ensuite la synthèse définitive.



1. Dans les sources de la Révélation, l’idée de l’Eglise apparaît principalement dans le Nouveau Testament, mais de manière encore voilée, sous le terme du « Royaume », Cette expression, issue de l’Ancien Testament, est le plus souvent utilisée dans les Evangiles Synoptiques, et le moins souvent dans les autres livres. De sorte que l’usage du terme « Eglise » apparaît en proportion inverse de celle du terme « Royaume ». Cela signifie que le premier mot rend obsolète le second dans la mesure exacte où il en dévoile et explicite le sens.



1. Le mystère de l'Eglise fait l'objet du neuvième article du Credo, avec lequel la foi catholique professe « la sainte Eglise catholique et la communion des saints ». Cet objet est complexe, car deux réalités différentes, l'Eglise catholique et la communion des saints, sont connues et énoncées dans un seul et même article. Comme l'explique saint Thomas , chaque article du Credo correspond à un seul et même objet de connaissance, à une seule vérité particulière de notre foi . Si la sainte Eglise catholique et la communion des saints, qui sont réellement distinctes, font l'objet d'un seul et même article, cela signifie donc qu'il n'y a pas là deux mystères (ou deux objets de connaissance) distincts, mais qu'il y a plus exactement deux aspects différents mais inséparables d'un seul et même mystère .



1. Saint Thomas d’Aquin a vu le jour avant le 7 mars 1223, puisque son premier historiographe, Guillaume de Tocco, nous dit qu’il est mort au commencement de sa cinquantième année, le 7 mars 1274. Il sera canonisé un siècle après sa naissance, par le Pape Jean XXII, le 18 juillet 1323 et proclamé docteur de l’Eglise par le Pape saint Pie V, le 11 avril 1567. L’année qui s’achève présentement aura donc vu le huit-centième anniversaire de la naissance de frère Thomas, ainsi que le sept-centième annniversaire de sa canonisation.



Dans l'article précédent, nous avons montré la filiation entre la science physico-mathématique et le transhumanisme. Nous ne discuterons pas ici de la pertinence et de la légitimité de la révolution effectuée par Galilée et Descartes dans les sciences. Nous postulerons que cette nouvelle manière de voir le monde est tout à fait légitime et que la méthode mathématique a toute sa place dans la connaissance des réalités naturelles. En revanche nous vérifierons en quoi se justifie l'abandon de la philosophie de la nature qui est à l'origine de l'apparition du transhumanisme. Pour faciliter la compréhension de cet article, nous appellerons « sciences expérimentales » les sciences modernes de la nature qui utilisent la méthode expérimentale et mathématique, et « cosmologie » la philosophie de la nature d'Aristote et de saint Thomas d'Aquin.



Comme nous l’avons montré dans notre précédent article , la généalogie du transhumanisme est composée presque exclusivement de scientifiques pour l'époque ancienne et d'ingénieurs pour l'époque moderne. Une telle collusion entre l'idéologie du transhumanisme et la science est-elle purement fortuite ? L'objet de cet article est de montrer qu'il ne s'agit pas seulement d'une coïncidence mais qu'il y a réellement une filiation entre la science telle qu'elle est conçue depuis le XVIIe siècle et le transhumanisme du XXIe siècle, si étonnant que cela puisse paraître.



1. Comment définir le transhumanisme, dans une première approche ? Selon les tenants de cette idéologie, l’homme serait parvenu à un seuil supposé « critique » de son évolution. Celle-ci doit tendre à une maîtrise toujours plus grande de la destinée humaine, et il est désormais l’heure, pour les hommes de notre temps, de dépasser leurs propres limites, fixées par la nature. En effet, les dernières avancées technologiques en donnent le moyen, et le résultat escompté sera une humanité « augmentée »ou une « post-humanité ».



1. Le touriste se promenant à Singapour dans Chinatown, le quartier chinois,ne manquera pas de s’étonner devant certains magasins peu habituels : entre fruits exotiques, remèdes traditionnels et nourriture locale, le regard du passant s’interrogesur ces étalages de dessins sur papier cartonné, vendus pour quelques dollars, représentant des objets en tout genre. Ici, sont dessinés des chemises, cravates, chaussures et pantalons ; là de la nourriture, des boissons ; plus loin, un téléphone portable, un iPad, une télévision, des médicaments, des pièces de monnaie ou des billets… voire des lingots d’or ! De quoi s’agit-il ? D’une coutume de l’antique religion chinoise, encore perpétuée de nos jours, consistant à brûlerles dits papiers afin de faire parvenir aux âmes trépassées, dans l’au-delà, l’objet qu’il représente. Votre défunt aura peut-être faim ?



1.Le frère Thomas Michelet, né en 1968,est religieux de l’Ordre des Frères Prêcheurs Dominicains, membre de la Province de Toulouse. Titulaire d’un doctorat en Théologie à l’Université de Fribourg (Suisse), il fut professeur et vice-doyen de l’Université Pontificale SaintThomas d’Aquin (Angelicum) à Rome, où il enseigna l’Ecclésiologie et la Théologie des sacrements. Son intérêt s’est porté sur l’écologie, ce qui l’a conduit à publier en 2016 un recueil de près de 600 pages rassemblant les cinquante textes les plus importants parmi les enseignements des Papes consacrés à ce thème, depuis Vatican II . Réputé spécialiste dans ce domaine, le Père Michelet est membre du comité scientifique de « L’Alliance Laudato Si’ » des Universités pontificales romaines délivrant un diplôme conjoint en Écologie intégrale.



1. Le« Temps de la création »est une initiative lancée par le Patriarche œcuménique Dimitrios Ier de Constantinople, le 1er septembre 1989. Ce « Temps » est une période qui s’étend du 1er septembre (début de l’année liturgique chez les Orthodoxes et journée internationale de prière pour la sauvegarde de la Création) au 4 octobre (fête de Saint-François d’Assise), et durant laquelle les chrétiens du monde entier sont invités à agir pour prendre soin de la Création. Cette initiative de Dimitrios Ierfut reprise par les autres confessions (ou « églises ») chrétiennes non catholiques, avant d’être reconnue officiellement par le Pape François pour l’Église catholique,le 6 août 2015 . C’est donc un temps œcuménique. On en trouve désormais l’écho régulier sur les sites officiels des différentes confessions.



1. Le Pape François a donné un sous-titre à son Encyclique Laudato Si : « Sur la sauvegarde de la maison commune ». L’expression, décidément bien choisie, correspond au concept que voudrait signifier le mot « écologie ». Ce mot, tout moderne,fut inventé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel (1834-1919). Il est construit - de toutes pièces - à partir du grec, « oîkos » désignant la maison ou l’habitat, et « logos » désignant le discours ou la science. La combinaison a donné « Ökologie » en langue allemande. L’écologie peut donc se définir, selon une première approche nominale, comme la science ou le discours ayant pour objet l’habitat ou la maison commune. La sauvegarde et la protection de celle-ci fait partie de cet objet. - 1 – Aux origines profondes de l’écologie, avant Haeckel



1. Au vu des articles précédents , le lecteur du Courrier de Rome n’aura pas manqué d’être frappé des ressemblances qui relient la nouvelle ecclésiologie de Lumen gentium à cette idée protestante de l’Eglise et des ministères, telle que nous venons de la résumer.



1. Le sens des mots est souvent fixé par l’usage. C’est pourquoi, l’équivocité – ou le fait qu’un même mot soit susceptible de significations diverses – provient de la diversité des usages. De fait, les mêmes mots peuvent être employés dans un premier temps par l’Eglise dans un sens unique et déterminé, et se voir attribuer dans un deuxième temps une signification nouvelle, dans le contexte d’une hérésie ou d’un schisme. Ainsi en va-t-il du mot « ministère », ministerium en latin. Etymologiquement parlant , ce mot forme un couple avec l’autre mot « magistère », magisterium. « Ministère » et « ministre » viennent l’un et l’autre du latin minor, plus petit, inférieur, tandis que « magistère » et « maître » viennent l’un et l’autre du latin major, plus grand supérieur. Le mot « ministre » désigne celui qui remplit une fonction ou accomplit un service, mais dans la dépendance d’un autre, et ce terme inplique donc l’idée d’un rapport d’inférieur à supérieur, l’idée d’une hiérarchie.



1.Le 15 août 2022, le Pape François a tenu à commémorer le cinquantième anniversaire du Motu proprio Ministeria quaedam, par lequel son prédécesseur Paul VI avait « supprimé les ordres mineurs ». Nous mettons l’expression entre guillemets, car elle entend désigner ainsi ce que le bon Peuple des fidèles catholiques a retenu de cette réforme. Celle-ci a comporté en réalité plusieurs aspects différents, que l’on peut résumer à cinq.



« C’est l’Esprit qui, en nous faisant participer, de manières distinctes et complémentaires, au sacerdoce du Christ, rend toute la communauté ministérielle, pour construire son corps ecclésial » . 1. Comment comprendre cette déclaration du Pape François ? De prime abord, elle sonne mal aux oreilles d’un catholique qui entend rester fidèle à son catéchisme. Tout fidèle participe-t-il vraiment au sacerdoce du Christ, sous la motion directe de l’Esprit Saint ? L’Eglise devrait-elle se définir comme la communauté de ceux qui exercent tous, « de manières distinctes et complémentaires »des « ministères » ?



Dans le monde libéral, révolutionnaire, apostat, antichrétien, etc. où nous vivons, il nous est demandé, ou il peut nous être demandé, ou nous pouvons nous trouver contraints, d’accepter des situations que l’on peut qualifier de « douteuses », de valider des documents « douteux », de ne pas nous opposer à des comportements « douteux ».



Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes et si impliquées, qu’elles frappent peu ; et quand cela servirait à quelques-uns, cela ne servirait jamais que pendant l’instant qu’ils voient cette démonstration, mais une heure après ils craignent de s’être trompés ». (Pascal, Pensées, n° 543 de l’édition Brunschwicg). 1. Le conseil municipal d'un village vote un arrêté qui enjoint à son barbier de raser tous les habitants du village qui ne se rasent pas eux-mêmes, et seulement ceux-ci : omnes et solos. Le barbier, qui est un habitant du village, n'a pas pu respecter cette règle.



« Les églises seront absolument fermées aux fidèles ; on n’y admettra personne sauf pour baptiser des enfants. Une seule messe y sera célébrée par semaine, le vendredi, pour consacrer la sainte Eucharistie pour les malades, et il n’y aura avec le prêtre célébrant que l’enfant qui répond à la messe. Aucune messe ne sera célébrée le dimanche ; au lieu de messe, il y aura une prédication devant l’église. Aucune messe non plus durant la semaine sainte ; le jour de Pâques seulement les prêtres pourront dire une messe, mais privée avec un seul servant. Aucune communion sauf la communion des malades en danger de mort. À Pâques même, on se contentera de réunir les paroissiens devant l’église pour leur annoncer la fin du carême et la permission de manger gras.



L’article « Interdit » du Dictionnaire de droit canoniquedirigé parRaoul Naz révèle au lecteur que « des interdits locaux se rencontrent même à notre époque. Un Carmel,alors en révolte, fut soumis à un interdit général, local et personnel, par un décret du 1er janv. 1921 (Bull. eccl. de Strasbourg, XL, 1921, p. 40) ». Mêmepour un clerc d’origine alsacienne l’allusion est sybiline.Larécente publication de L’Affaire de Marienthal chez ERCAL Publications est heureusement venue éclairer notre lanterne. En effet, « Marc Feix, George Haeringer Deroche et Sœur Marie du Christ nous présentent dans cet ouvrage une page méconnue de l’histoire de l’Église en Alsace : l’interdit jeté sur le Carmel de Marienthal. […] Le présent ouvrage cherche à démêler ce qu’il est possible de désigner par “l’affaire de Marienthal” tant dans la presse de l’époque, que par les sources de la maison généralice des carmes à Rome et de l’évêché de Strasbourg . »



1. La fausse foi moderniste aurait-elle ceci de particulier qu’elle pourrait, dans certaines situations, conduire le ministre à ne pas vouloir faire ce que fait l'Église, même en accomplissant le rite de l’Eglise ? Trois indices sont apparemment là pour justifier cette possibilité.



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