Le rock - Aperçu technique



Publié le 06/06/2022 sur internet
Publié dans le N°651 de la publication papier du Courrier de Rome



1. L’aperçu historique qui précède est purement extrinsèque. S’il ne qualifie donc pas la musique rock formellement, il en donne néanmoins, par les causes efficiente et finale, un contexte qui ne trompe pas. L’émergence de cette musique, son contexte social, les revendications dont elle se réclame, les thèmes fréquemment abordés, la vie peu édifiante des compositeurs, la liesse hystérique des foules, l’évolution sous forme d’appauvrissement de ce genre musical, voilà autant d’indices convergents qui permettent déjà de formuler un jugement critique et fondé sur cette musique.
2. Certes, une telle étude est loin d’être suffisante. Il faut désormais se tourner vers la nature même de ce courant musical et l’analyser intrinsèquement. Cela nous oblige dans un premier temps à parler de la musique en général et de ses composantes sonores. Nous étudierons ensuite ces différentes données telles qu’elles se retrouvent dans le rock et autres musiques du genre. La conclusion devrait alors découler.
3. La musique est l’art de combiner les sons. Autrement dit, la matière même de la musiqueest le son. Le son musical peut être purement sensible, il est alors produit par un ou plusieurs instruments, produits du génie humain. Il s’agit alors de ce que l’on entend dans les concertos, les symphonies, et autres genres musicaux. En plus d’être sensible, le son musical peut être articulé. La musique devient alors vocale et tout l’art sensible est au service de la parole intelligible : elle signifie quelque chose et livre une pensée ou transmet un message. Dans ce cas, l’instrument par excellence est la voix humaine, certainement le plus riche et le plus beau des instruments qui existent sur terre.
Paroles et orchestre
4. Le premier élément à considérer dans la musique dite rock, ce sont donc les instruments : les paroles d’une part, puis la masse orchestrale d’autre part.
5. Il est inutile de s’attarder sur les techniques vocales modernes et contemporaines. Au-delà de ce qu’il y a de propre et de riche dans chaque voix individuelle, on constate que, très souvent, le texte est davantage crié que chanté. Le son, poussé à l’extrême, fatigue non seulement la voix du chanteur, mais aussi l’oreille de l’auditeur. On y trouve difficilement le calme et la maîtrise de soi qui devraient être l’apanage de tout artiste qui maîtrise son art.
6. Ce sont surtout les paroles sur lesquelles il convient de s’arrêter. L’histoire du rock l’a déjà montré, les paroles sont bien souvent revendicatives, appelant à une plus grande liberté et faisant la promotion de ce qui est immoral . Certains oseront objecter que la plupart du temps les paroles sont en anglais. La langue étant incompréhensible pour beaucoup, la musique serait donc sans danger . Et de prendre appui sur le latin, que, à l’Eglise, beaucoup ne comprennent pas. Il faut répondre tout d’abord que la compréhension ou l’incompréhension des paroles ne change rien au texte ni au sens du texte. Adhérer à un texte que l’on ne comprend pas c’est vouloir adhérer à la signification du texte quelle qu’elle soit. Ou alors cela n’a pas de sens. D’autre part, les textes latins de la liturgie de l’Eglise sont sanctionnés par l’autorité suprême et celle-ci veille à l’orthodoxie des paroles, de sorte qu’elles aient la capacité de véritablement sanctifier. C’est ainsi que, si les fidèles adhèrent aux textes liturgiques, sans nécessairement comprendre toute leur signification, ils savent néanmoins que ces paroles expriment leur sanctification et la gloire de Dieu. On ne peut en dire autant des paroles chantées les musiques rock.
7. Vient aussi à se poser l’éventualité de messages subliminaux. Deux points sont à considérer : l’existence et l’effet. L’existence des messages dits subliminaux est indéniable ; mais la réalité d’effets produits par ces messages est problématique. Il y a toujours eu des réalités qui échappent à notre connaissance directe. En musique, on parle de message subliminal pour désigner en premier lieu des sons inaudibles à l’oreille mais pourtant perçus par le cerveau. En second lieu, on parle aussi et surtout de message subliminal à propos de la musique rock, lorsqu’il s’agit de paroles enregistrées à l’envers. La technique consiste à passer le disque en sens inverse pour percevoir le message. Le procédé a été découvert par John Lennon lors de l’enregistrement de sa chanson Rain. On retrouve quelques messages de ce genre dans Révolution n°9 et So tired des Beatles. D’autres auteurs semblent utiliser eux aussi le procédé. Quoi qu’il en soit de cette technique, dont l’existence ne fait aucun doute, il est difficile de lui attribuer une valeur néfaste et un effet psychologique réel sur l’auditeur, puisqu’une phrase prononcée à l’envers, si elle est certainement audible, n’en demeure pas moins incompréhensible. De toute façon, à partir des années 80, ces messages subliminaux ne sont plus nécessaires : ils ont été banalisés et sont désormais prononcés « à l’endroit » sans plus choquer.
8. Quant à la masse orchestrale, elle subit avec le rock une véritable régression. La musique dite classique s’était développée au point de rendre les orchestres de plus en plus imposants. La musique de chambre, au XVII° siècle, ne comportait que quelques instrumentistes. Au XIX° puis au XX° siècle, il faut au moins quatre-vingts artistes pour composer l’orchestre symphonique. L’arrivée du rock réduit considérablement ces effectifs. Une ou deux guitares électriques, une guitare basse, un synthétiseur et une batterie sont désormais suffisants. La nouveauté réside dans l’électrification de ces instruments, procédé qui a « l’art » de dénaturer complètement le son en sorte qu’il n’aura plus grand chose de naturel. La révolution est de taille puisque, si l’art imite la nature selon le mot célèbre de Sénèque, en revanche, dans les techniques modernes, l’art n’imite plus du tout la nature ; il en prend le contre-pied radical.
Le son lui-même
9. En effet, la musique a pour objet le son. Physiquement, un son est une vibration représentée par une courbe plus ou moins sinusoïdale. Trois composantes le caractérisent : sa fréquence, son amplitude et son timbre.
10. La fréquence d’un son est une courbe qui se répète plus ou moins souvent dans un temps donné. Exprimée en Hertz, elle signifie le nombre de répétition de cette courbe par secondes. Plus la fréquence est élevée, plus le son est aigu. Inversement, un son plus grave donnera une fréquence plus petite. Certaines fréquences sont inaudibles à l’oreille humaine (ultra-sons et infra-sons) . De nombreuses études à la fin du XX° siècle ont montré l’influence et l’importance des différentes fréquences tant sur le corps et ses organes que sur l’âme. Mais pour l’instant, il est difficile d’en conclure quelque chose par rapport au rock. Certaines études révèlent l’impact des basses fréquences sur le plaisir, le mouvement et la stimulation psychologique ainsi que sur la dépossession de soi au profit d’un lien social. Catherine Guastavino, dans sa thèse de doctorat cite Marc Touché, un sociologue du centre d’ethnologie de Paris, faut la remarque suivante : « Marc Touché considère également que les basses fréquences jouent un rôle de lien social par la dépossession de soi au profit d’un magma sonore enveloppant le groupe : ”les basses fréquences unissent les cœurs dans un même brouillard.” »
11. La deuxième composante d’un son est son amplitude. Physiquement, elle est représentée par la hauteur de la courbe et exprime la force du son. On l’appelle aussi le niveau sonore. Ce dernier est directement lié à la pression de l’air (le milieu acoustique), pression qui se transmet jusqu’à atteindre l’oreille. L’amplitude est calculée en décibel. Le limite à ne pas dépasser pour l’oreille humaine (on l’appelle aussi le seuil de danger) est entre 85 et 90 décibels. Au-delà, on peut s’exposer à des dégradations irréversibles de l’audition. La musique rock branche fréquemment ses instruments sur des enceintes afin d’amplifier le son, chose qui n’existe pas en musique classique. Un concert rock a un niveau sonore d’au moins 95 décibels, mais habituellement supérieur à 100 décibels, ce qui représente le bruit d’un marteau piqueur… Par comparaison, une conversation normale se situe à 40 décibels et une musique douce à 50 décibels. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir les jeunes se rendre à un concert rock avec leur boules quies…
12. Enfin, la dernière caractéristique physique du son est ce que l’on appelle le timbre. Celui-ci une notion assez complexe à définir. On pourrait dire du timbre qu’il définit la qualité d’un son. En réalité il en exprime toute la richesse. Il est propre à chaque instrument, à chaque voix. C’est ainsi que pour une même note jouée, on distingue un instrument d’un autre. La même note provenant d’une trompette et d’une flute à bec peut avoir la même fréquence, la même amplitude, et pourtant elles sont très distinctes à l’oreille. C’est le timbre qui les différencie. Le timbreest pour ainsi dire la couleur d’un son, ou encore sa richesse harmonique. Une note jouée se définit par une fréquence, mais en réalité, cette fréquence n’est pas unique. Elle développe d’autres fréquences ou vibrations moins audibles, plus inaperçues et que l’on appelle des harmoniques. Par exemple, lorsqu’un pianiste joue une note, le marteau touche les cordes de la note qui se mettent à vibrer. Ces vibrations vont à leur tour faire vibrer d’autres cordes du piano, et, même si ces vibrations restent parfois imperceptible à l’oreille, elles vont enrichir la première note. Cette richesse du son lui donne une profondeur, une couleur, une densité qui caractérise chaque instrument ou chaque voix.
13. Par les différentes expériences et travaux réalisés en studio, le timbre dans la musique rock a perdu de sa profondeur, de sa richesse et surtout de sa « naturalité ». C’est d’autant plus patent que cette musique moderne utilise des instruments électrifiés, passant par des micros, reliés à des enceintes. Il y a dès lors une perte de qualité sonore. Certains procédés vont même jusqu’à assécher le son de ses harmoniques et recréer un écho par mixage. On place par exemple des triggers sur les peaux des percussions afin de retoucher le son et de se rendre artificiel. Il y a aussi beaucoup de retouches en studio et d’expérimentation sur les sons avant de publier les albums. Dans tous ces cas l’artificiel dénature totalement le son naturel. La richesse d’un son n’existe plus et la musique en est d’autant appauvrie. C’est aussi la raison pour laquelle certains sons peuvent désormais être qualifiés de bruit et engendrer des nuisances sonores.

La musique
14. La musique est un art de mouvement qui se déroule et se meut dans le temps. Le son peut alors être considéré non plus en lui-même, mais dans son rapport à l’art. La musique possède alors trois caractéristiques : la mélodie (évolution du son dans le temps), l’harmonie (rapport des sons dans un instant) et rythme (organisation de la mélodie). La richesse de la musique vient de la combinaison de ses trois composantes. C’est ce qu’il nous faut désormais étudier.
15. La mélodie est la succession des notes dans le temps. Pour être digne de ce nom, elle est censée former un air, plus ou moins complexe, plus ou moins facile à retenir. Elle n’est donc pas simple juxtaposition des notes les unes à la suite des autres. Elle doit réaliser une unité (unité d’ailleurs que seule l’intelligence est capable de percevoir). La mélodie est ainsi à la musique ce que la représentation ou l’image est à la peinture. Elle est évocatrice. C’est aussi parce que la mélodie est perçue par l’intelligence qu’elle est le support des paroles, tout comme la poésie est une forme de musique littéraire. C’est la raison pour laquelle elle est supérieure aux deux autres composantes que sont l’harmonie et le rythme : ceux-ci sont au service de celle-là. On dit souvent que perfection mélodique et maturité culturelle vont de pair.
16. Il est difficile de se le dissimuler : la mélodie des musiques rock est très souvent d’une pauvreté telle que l’intelligence elle-même n’est souvent plus nécessaire pour en saisir l’unité. On ne peut plus dire que ces musiques sont « chantantes »,quand bien même elles sont entraînantes, mais à cause du rythme. Mais le désordre vient surtout de ce que l’harmonie et le rythme ne sont plus au service de la mélodie lorsqu’elle existe. Désormais, ce sont ces deux dernières composantes qui dominent et ce désordre est d’autant plus grave que l’harmonie a des effets directs sur la sensibilité et le rythme sur le corps. Autrement dit, cette inversion (qui est une révolution) consiste à ne plus soumettre les éléments sensibles et corporels à l’intelligence, ou plutôt à ôter à l’intelligence son pouvoir et sa domination sur le concupiscible et le corps.
17. L’harmonie consiste dans le rapport instantané des sons entre eux. On la réduit habituellement à la notion d’accords bien que l’harmonie comprenne plus qu’un simple accord. On pourrait la comparer en peinture à l’agencement des couleurs. Il y a un art des couleurs et une splendeur de la forme que donnent les couleurs à la représentation picturale. De la même façon, il y a un art et des règles d’accords fondé sur la science des harmoniques, comme il y a des accords qui choquent harmoniquement .
18. Dans le rock, outre que l’harmonie est assez pauvre , elle abuse du triton, des septièmes et des neuvièmes . Les changements harmoniques et modaux sont extrêmement surprenants et peu conformes aux canons de l’orthodoxie musicale. De ce fait, la musique devient plus lascive, sensuelle, et rend la sensibilité de l’homme plus indépendante de son l’intelligence. En réalité, ce n’est pas tant la présence de ces accords que la redondance et l’abus de ces harmonies qui pose problème, du fait que c’est l’harmonie qui flatte la sensibilité.
19. Reste à parler du rythme. Cette dernière notion est délicate et difficile précisément à cause des déviances modernes. Le rythme est, selon Platon, l’ordonnance du mouvement. L’ordre dit ici deux choses : la première consiste à mettre chaque élément à sa place, la seconde de les diriger vers leur fin. Autrement dit, le rythme est la marque de l’intelligence mise dans la matière musicale pour en faire un tout ordonné et non anarchique.
20. Le premier ordre à considérer, et le plus facile à comprendre, est celui qui se tire de la fin. La musique est un art de mouvement. Or la fin du mouvement, c’est le repos. Le compositeur ordonne toute sa partition vers ce repos, un peu comme l’orateur ou l’écrivain ordonne son discours vers une conclusion, vérité en laquelle se repose l’intelligence. Le « repos » entendu ainsi au sens de l’aboutissement d’un mouvement s’enrichit alors d’un deuxième sens qui est celui de l’apaisement des facultés psychologiques (sensibilité et intelligence) de l’auditeur, qui éprouvent du plaisir à percevoir cet aboutissement. Il est indéniable que le rock n’ordonne pas au repos, pris en ce deuxième sens. Les témoignages sont nombreux, mais les faits sont encore plus patents : il n’est pas possible de sortir d’une écoute musicale de rock en se sentant reposé. Bien au contraire, l’âme est en ébullition, la sensibilité est émoussée, et le corps lui-même est énervé au sens physique du terme. De ce seul fait, le rock manque d’intelligence, autrement dit de rythme.
21. Cette dernière phrase pourra sembler paradoxale à ceux qui ont pris l’habitude de considérer le rock comme une musique extrêmement rythmique. Mais cette considération est fausse, si l’on donne au rythme son sens noble et vrai. Elle est vraie, seulement si l’on entend le rythme au sens modernisé et finalement déficient du terme. Le deuxième rôle du rythme est en effet de mettre chaque élément à sa place. Un mot latin par exemple a un accent tonique qui fait l’âme du mot et les autres syllabes lui sont ordonnées comme un élan et un repos. C’est le rythme du mot. Dans une plus grande structure (phrase, texte, mais aussi en musique), on l’appelle le phrasé. Il constitue un ensemble de variation (fort/doux, lent/rapide, aigu/grave) qui bien agencé donne un mouvement, une forme et d’une certaine façon une signification à la musique. Hélas, avec la dénaturation de la musique (comme on le voit dans ce qu’il est convenu d’appeler la « métronomisation » de la polyphonie notamment) le rythme est devenu avec le temps une notion mathématique. La musique rock a accentué le fait de cette rigidité par un battement (souvent appelé beat) qui a pris le pas sur tout le reste. La prédominance de ce « rythme » a réduit la notion d’ordre à une simple répétition d’un son frappé plus fort que tout le reste. Ce n’est plus à proprement parler du rythme. C’est un martèlement douloureux d’un même bruit que l’on pourrait comparer au supplice de la goutte d’eau.
22. Les effets néfastes sont faciles à observer. Le son est frappé, cogné, claqué. On peut d’ailleurs voir les contrebassistes frapper presque férocement leurs cordes, ce qui ne se faisait jamais auparavant. D’autre part, la pulsation est quasiment toujours binaire et rarement ternaire. Il y a même plus. Dans un rythme binaire, savoir deux temps ou quatre temps, il y a un temps fort et un temps faible, le premier étant ordonné au second comme l’élan au repos. Dans le rock, il y a inversion. Les temps forts sont le deuxième et le quatrième temps, les temps faibles étant le premier et le troisième. Si cela était fortuit et rare, cela n’aurait que peu d’incidence, mais répété sans cesse, cette dénaturation du rythme engendre une absence de repos et une excitation permanente. Voilà pourquoi la mélodie et l’harmonie ne sont plus nécessaires. Enfin, ce martèlement extrêmement fort peut avoir des répercussions perverses sur le corps. Le cœur humain fonctionne par battement. Il suffit alors de trouver son rythme puis d’augmenter celui de la musique pour exciter le cœur. Les états de transe sont souvent obtenus par ce biais. Et la personne devient dépossédée d’elle-même, ou possédée par ce faux rythme!
Conclusion
23. Nous arrivons ici à une conclusion qui s’impose et ne laisse place à aucun doute : l’émergence de la musique rock a accompli une véritable révolution. Cette révolution n’est pas uniquement un contre-pied musical qui viendrait détruire uniquement l’art et la musique. Il y a plus. En raison du caractère public et politique de la musique (communication et action commune), les changements de paradigmes musicaux ont eu une répercussion très profonde sur la jeunesse et la société. Parce que le son est dénaturé, artificiel et n’a plus rien de réel, cette musique peut bien être qualifiée de contre-nature et surtout de virtuelle, la drogue aidant… Mélodie, harmonie et rythme ont aussi été tellement métamorphosés que l’on peut parler de révolution au sens le plus étymologique : l’inférieur a pris le dessus sur le supérieur, l’ordre musical a été renversé et aboli, laissant désormais la place à une musique pour ainsi dire irrationnelle, une musique barbare. Et cette musique s’inscrit dans un substrat, le substrat de la « libération » des jeunes, qui s’en sont trouvés affranchis de toute contrainte politique, sociale et morale. Toute cette jeunesse aujourd’huifascinée par le rock trouverait plus d’avantages à revenir… au baroque !

Abbé Gabriel Billecocq

Infolettre du Courrier de Rome

Tenez-vous au courant de nos dernières actualités !
CAPTCHA
Cette étape est nécessaire pour nous protéger du SPAM