Selon les enseignements du concile de Trente [1], la Messe doit se définir :
– dans sa cause finale selon les quatre fins de tout acte de religion : la louange ou l’adoration ; l’action de grâces ; la propitiation ou la valeur satisfactoire ; l’impétration ou la demande.
– dans sa cause efficiente selon le ministre qui agit « in persona Christi » et qui est le prêtre ayant reçu la consécration du sacrement de l’ordre
– dans son essence comme un sacrifice c’est à dire comme l’offrande de l’immolation non sanglante du Christ réellement présent :
— la cause matérielle est la présence réelle du Christ, telle qu’elle résulte de la double transsubstantiation ;
— la cause formelle est l’offrande d’une immolation.
Comme nous l’avons expliqué, cette définition selon les quatre causes n’est pas directement niée par le Novus ordo Missae de Paul VI. Elle l’est indirectement, moyennant des omissions répétées qui donnent lieu à un changement d’axe. C’est pourquoi, l’expression qui désigne adéquatement cette négation spécifique est celle d’un « éloignement ». Il ne faut pas oublier que la liturgie, la messe, est d’abord en quelque sorte une uvre d’art, au sens où il s’agit ici qui doit être jugée, appréciée selon qu’elle est conforme ou non à l’esprit du concepteur de l’uvre. Et pour juger de l’uvre, il faut d’abord juger d’une pratique. On peut toujours changer les définitions, on n’a pas changé pour autant la pratique, l’agir (l’Offertoire, etc.). C’est l’uvre telle qu’elle est, même si la définition est changée, c’est l’uvre qui est à juger. Or, cette uvre est déficiente, comme le montre le Bref examen critique des cardinaux Ottaviani et Bacci, parce qu’elle oblitère l’essentiel de ce que l’uvre est censée réaliser : l’adhésion à Jésus-Christ Sauveur et Rédempteur. Comme toutes les autres élaborations écrites post-eventum (le Nouveau Catéchisme de 1992 et le Compendium de 2005, les mises au point de Jean-Paul II avec l’Encyclique Ecclesia de eucharistia de 2003 ou de Benoît XVI avec l’Exhortation Sacramentumcaritatis de 2007), le Préambule de l’Institutiogeneralisrévisée de 1970 puis de 2002 l’a été après l’élaboration de la messe, pour justifier la nouvelle messe, mais elle-même reste une uvre déficiente.
Nous examinons ici le point de vue de la cause finale : le Novus Ordo correspond-il à la définition catholique de la messe, au sens où cette définition doit comporter l’idée d’un sacrifice qui est propitiatoire dans sa fin? Autrement dit, le Novus Ordo définit-il la messe comme un « sacrifice », au sens où l’entend le concile de Trente, du point de vue de sa fin ?