La promulgation du Novus Ordo Missae est-elle « légitime » ? Au sens étymologique, est légitime ce qui est conforme à la loi, celle-ci étant l’acte par lequel l’autorité donne l’expression des moyens requis à l’obtention du bien commun. Au sens propre, la légitimité qualifie l’acte de l’autorité du point de vue de sa cause finale et elle est donc morale : l’acte de l’autorité est légitime dans la mesure précise où il donne les moyens nécessaires et suffisants en vue du bien commun. Au sens élargi, la légitimité qualifie l’acte de l’autorité du point de vue de sa cause efficiente et elle est alors purement légale : l’acte de l’autorité est légitime dans la mesure précise où sa promulgation juridique est accomplie selon les formes requises. Le deuxième sens élargi suppose toujours le premier sens propre : toute légitimité légale doit être morale, bien que l’inverse ne soit pas toujours vrai. Un acte promulgué par l’autorité selon les formes juridiques, mais qui mettrait obstacle au bien commun est apparemment mais non réellement légitime : il constitue un abus de pouvoir, c’est à dire un acte tyrannique. En ce sens, le Novus Ordo Missae de 1969 (abrégé en NOM) n’est pas réellement légitime, puisqu’il met de graves obstacles au bien commun de la sainte Eglise. Et des études assez sérieuses ont prouvé qu’il n’était même pas légitime de manière apparente, au sens où sa promulgation ne présente pas les garanties juridiques requises. C’est pourquoi Mgr Lefebvre s’est toujours refusé à affirmer la légitimité de ce NOM, non seulement la légitimité morale du rite pris en lui-même, mais même la légitimité purement légale de sa promulgation. Il déclare ce refus le plus explicitement dans la conférence spirituelle donnée à Ecône du 2 décembre 1982 :« Pratiquement [ils me demandent] de reconnaître la légitimité, la catholicité, par conséquent la bonté de ces messes dites fidèlement selon le Nouvel Ordo, par conséquent même les traductions. C’est une chose pour nous absolument impossible ».