Paul Claudel aimait à évoquer, dans une formule savoureuse, empreinte d’ironie salvatrice et vengeresse, cette « grande et un peu mystérieuse figure de saint Joseph, dont le nom seul fait sourire les gens supérieurs ». Un peu mystérieuse : c’est peut-être là que l’ironie de Claudel se fait le plus justement féroce Car le grand mystère de saint Joseph n’est autre que celui-là même du Verbe Incarné, le mystère de Notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, unique Sauveur et Rédempteur de tout le genre humain. C’est le cardinal Billot qui l’a souligné : saint Joseph a été prédestiné et voulu par Dieu d’abord pour remplir son rôle de père nourricier de Jésus, avant de l’être pour remplir le rôle d’époux de Marie. En effet, son mariage virginal (joséphin, dira-t-on désormais en vertu de l’antonomase) a été voulu de Dieu d’abord et avant tout en fonction de l’Enfant-Dieu dont il fallait assurer la nutrition et l’éducation. Comme Marie, mais d’une autre manière, Joseph n’est d’abord et avant tout voulu de Dieu que pour Jésus.